La vanille : épopée d’une orchidée
La vanille de Madagascar est-elle une vanille Bourbon ?
Fréquemment posée, cette question montre que bien souvent la vanille dite “bourbon” est considérée comme venant exclusivement de l’île de la Réunion. L’ancien nom de cette île, l’île Bourbon, donné par les premiers colons français en hommage à la famille royale, incite probablement à cette confusion.
Le label Bourbon crée en 1964 vise à différencier géographiquement les vanilles originaires de l’océan indien (Réunion, Madagascar, Les Comores, île Maurice) des autres vanilles notamment Mexicaines et Tahitiennes.
La vanille de Madagascar porte bien l’appellation vanille bourbon.
Quand l’homme sublime la fleur, le génie d’un esclave
Les diverses tentatives pour faire pousser la vanille hors de son pays d’origine (Amérique Centrale) furent très longtemps vaines et ce n’est qu’au début de XIXe siècle que l’on comprit pourquoi.
Hermaphrodite, la vanille devait être fécondée et seule une abeille bien particulière en permettait une pollinisation naturelle.
En 1841, à l’âge de 12 ans, Edmond Albius encore esclave initié à l’horticulture et à la botanique, imagine un procédé permettant d’y remédier en fécondant manuellement la fleur de vanille à l’aide d’une pointe de bambou ou d’une épine de citronnier.
De la fleur à la gousse…
La pollinisation de la vanille qui consiste à fendre manuellement la petite languette séparant les organes de reproduction pour mettre en contacte le stigmate et le pollen demande une grande précision.
Outre la Réunion, ce procédé manuel a permis d’introduire la culture de la vanille aux Antilles, à Madagascar et aux Seychelles, mais les différents processus de culture et de préparation en expliquent le coût élevé.
Le vanillier commence à produire au bout de trois à quatre ans et il reste fécond environ douze ans. La cueillette s’effectue neuf mois après la fécondation.
Vertes et inodores à la récolte les gousses vont ensuite être de nouveau travaillées pour en révéler le parfum.
Cette préparation va s’étaler sur de nombreux mois : après la récolte les gousses sont plongées dans plusieurs bains d’eau bouillante puis sont lavées à l’eau claire pour les « tuer » et stopper l’évolution de bactéries
Elles sont ensuite étalées quatre ou cinq mois durant trois à quatre heures par jour où elles seront exposées au soleil avant d’être enveloppées dans des draps pour favoriser leur transpiration.
Perdant ainsi une partie de leur eau, elles se rident et devront donc être de nouveau manipulées afin de conserver leur forme. Après cette opération, elles sont mises à sécher durant quarante jours dans un endroit sec et aéré.
Elles sont ensuite calibrées, triées puis emballées sous caisse avant d’être expédiées, elles y séjournent de soixante à quatre-vingt-dix jours selon leur qualité.
70% de la production est aujourd’hui Malgache.
En 1874 fut synthétisé le principe odorant de la vanille et le parfumeur Guerlain fut le premier à l’utiliser en parfumerie. En 1874 fut synthétisé le principe odorant de la vanille et le parfumeur Guerlain fut le premier à l’utiliser en parfumerie.
Vous prendrez bien un chocolat…
Trente ans après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb (1492), le conquistador espagnol Cortès (1485-1547) entre en contact avec les Mayas qui lui révèlent l’existence d’un pays à l’ouest dont la capitale Tenochtitlan (Mexico) appartient au peuple aztèque.
Reparti en expédition pour le découvrir, en 1519, Cortès rencontre l’empereur
Moctezuma II et y découvre le cacao et la vanille, mélangé dans une boisson épaisse le Xocoatl exclusivement but par la caste des nobles et des guerriers.
Ces deux denrées de luxes n’étaient en réalité pas cultivées par les Aztèques, mais provenaient du commerce fait avec les totonaques situé sur les côtes est du Mexique (golfe du Mexique).
Et pourquoi pas ?
Lorsqu’on pense vanille, la ronde des desserts, des crèmes, des riz au lait, des glaces, des cannelés, des rhums ne cessent de tourbillonner et une envie irrésistible de sucré nous tient en émoi.
La vanille se combine aussi merveilleusement aux poissons notamment le rouget ou la truite, aux crevettes, aux crustacés, aux tajines, aux volailles, aux purées, aux carottes, aux chèvres, aux lapins, aux tofus, aux sauces.
De quoi régaler nos papilles et chavirer nos sens…